Marie PAGE N 4

La première en chemin

La première en chemin,

Marie tu nous entraines, à risquer notre " oui "

aux imprévus de Dieu.

Et voici qu'est semé en l'argile incertaine

de notre humanité, Jésus Christ Fils de Dieu. R

Marche avec nous Marie, sur nos chemins de foi,

Ils sont chemins vers Dieu,

Ils sont chemins vers Dieu.

La première en chemin,

joyeuse tu t'élances,Prophète de Celui,

qui a pris corps en toi.

La parole à surgi, tu es sa résonance

et tu franchis des monts pour en porter la voix. R

Marche avec nous Marie, aux chemins de l'annonce,

Ils sont chemins vers Dieu,

Ils sont chemins vers Dieu.

La première en chemin,

avec l'église en marche, dés les commencements

tu appelles l'Esprit.

En ce monde aujourd'hui, assure notre marche

que grandisse le corps de son Fils Jésus Christ. R

Marche avec nous Marie, aux chemins de ce monde,

Ils sont chemins vers Dieu,

Ils sont chemins vers Dieu

Portons notre regard sur la Bienheureuse Vierge Marie, Celle dont la sainteté s'est réalisée de façon parfaite et qui en constitue notre modèle.

Lors du Concile Vatican ll, les Pères après avoir exposé la doctrine sur la réalité historique et salvifique du peuple de Dieu, ont voulu la compléter en décrivant le rôle de Marie dans l'œuvre du Salut , mettant en lumière la contribution que la figure de la Bienheureuse Vierge Marie apporte à la compréhension du mystère de l'Eglise.

L'Incarnation du Fils de Dieu

La première annonce de la foi chrétienne est une proclamation du Salut advenu par la Pâque de Jésus. Il est advenu dans la chair. Les évangélistes ont eu à contempler les événements et paroles qui, après coup, s'illuminaient et prenaient sens. Jésus est le sauveur.C'est la révélation de tout son être, déjà indiquée par le nom qu'il portait. En lui et par lui, Dieu sauve. En sa personne qui est Dieu depuis le commencement, l'homme est rejoint et aimé, tiré du néant du péché. Notre terre est convoquée au Seuil et à l'issue du Mystère pour y participer et en bénéficier.

Toute l'écriture nous guide vers cette rencontre qui s'opère en Marie; c'est en elle que les temps parviennent à leur plénitude; c'est dans la foi de Marie que l'homme doit accueillir le temps du don de Dieu. Dans la réalité d'une histoire qui s'épanouir en Marie, c'est Dieu qui nous rejoint, et vient donner à l'existence un sens inattendu: la mort même débouche sur la vie.

La mort-résurrection de Jésus

L'histoire ne se déroule pas de manière indifférente et uniforme. Les événements prennent sens à la lumière du terme de la route. C'est donc " l'expérience " de la Résurrection, d'une vie plus forte que la mort, d'une vie habitée désormais par la promesse de Dieu, qui éclaire et explique les étapes du chemin. C'est la promesse du Vivant, au cœur d'un monde marqué par la mort, qui fait vraiment l'histoire différente d'une pure succession d'anecdotes éphémères. Et de fait, tant que nous sommes sur la terre, nous sommes toujours en chemin. Les événements sont bien ceux qu'un observateur indifférent pourrait décrire, mais une présence les habite qui engage un dialogue avec ceux dont le cœur est ouvert : ils deviennent les témoins, et au besoin des martyrs. Ils ne pourront taire ce qu'ils ont vu et entendu. Si on veut les réduire au silence, c'est qu'on ne peut accueillir la vie nouvelle qu'ils proposent et qui mobilise les libertés.

Le tombeau est vide, Jésus est vivant, lui qui a d'abord souffert et qui est mort, lui qui a parlé et fait des miracles, lui qui est venu sur la terre comme le Fils de Dieu, porteur de sa puissance de vie et d'amour, témoin d'un Royaume qui n'est pas de ce monde. Il y a donc une fracture en notre terre, par où la vie est passée: il faut accepter la même fracture en notre existence personnelle et collective.

Les Ecritures

L'écriture trace le chemin d'une histoire qui devient histoire sainte. La bible et notre vie appellent le même type d'attention, une attention toute intérieure aux événements et aux paroles, éclairés par la lumière de la Résurrection, d'un Amour qui s'est donné jusqu'à l'extrême et a vaincu même la mort. Le sens véritable de ce qui est vécu et de ce qui est lu ne peut être perçu en plénitude qu'à la fin quand l'histoire à porté son fruit de vie. Marie se tient au carrefour de la connaissance, de la connaissance de l'Ecriture et de la vie. En elle Dieu se donne: lui seul peut faire céder toutes les clôtures du non sens, sous la poussée de l'Esprit de Pâques.

Les Écritures sont la mémoire de cet amour inscrit sur les chemins des hommes, des méandres de leurs docilités et de leurs refus, et qui en vient à faire route avec sa créature. Marie est à ce point de rencontre: en elle est le Verbe, elle accueille la Parole dans la chair. Nous ne pouvons percevoir son rôle qu'en adoptant nous aussi une attitude d'accueil de la Parole, de la Parole qui se fait connaître par l'événement de sa venue. Marie est elle-même un modèle de cette écoute disponible à la Parole sans cesse renouvelée et approfondie, par des événements nouveaux, jusqu'à l'événement ultime de la Résurrection de Jésus.

L'Ecriture n'est pas une lettre morte qu'on pourrait étudier en-dehors du Souffle qui lui donne vie. L'Écriture nous transmet l'expérience sans cesse renouvelée d'une œuvre de création. L'histoire d'Israël est celle d'une confiance qui doit être toujours réactivée. Israël à pour vocation de devenir un modèle d'humanité qui ne peut compter que sur Dieu. Israél est " le peuple de Dieu", non en ce sens qu'il pourrait se servir de Dieu à son profit mais parce qu'il doit être une révélation de sa seule Gloire. Israél doit montrer une humanité selon Dieu.

Israël finira par se réduire " à un petit reste,qui cherchera refuge dans le Nom du Seigneur " So 3,12-13.Là, son histoire est proche du Sommet ou elle est attendue par le Dieu de la confiance. Il est celui qui donne et qui se donne. Il est le Vivant, et l'homme ne peut exister que dans la même logique du don de la vie.

Pour connaître et comprendre Marie, nous nous appuyons uniquement sur les Écritures comme sur une histoire vivante qu'il faut apprendre à pénétrer. Les Écritures sont un ensemble de documents qui ne sont rassemblés que par la foi et l'amour des membres d'une famille, les transmettant de génération en génération, de manière active: les croyants s'y reconnaissent et en accueillent les nouvelles significations, les nouveaux développements qui les concernent. Si la Révélation est " close à la mort du dernier Apôtre", c'est parce que Dieu a tout dit en son Fils. La vraie Tradition n'ajoute rien à l'Écriture mais elle s'y laisse inclure en même temps qu'elle y découvre des horizons qui la conduisent toujours plus loin.

L'interprétation de l'Écriture dans une communauté vivante est simplement un témoignage qui lui est rendu, que la source n'est pas asséchée. Cette interprétation se fait dans la grâce du même Esprit. Il a conduit une histoire qui donne sens à la nôtre et qui se prolonge en nous.

Marie est ce lieu de Passage ou ce qui est annoncé dans la première alliance devient actualité. Si on isole les textes, si l'on coupe la nouveauté de la grâce de son enracinement dans la terre de la promesse, alors Dieu et l'homme n'ont plus d'espace où se rencontrer et se parler, la vie est asséchée car privée de sa source. Marie est le lieu de la rencontre et de la relation.

Connaissance et engagement

On ne se reconnaît que si on s'abandonne," comme un petit enfant, l'enfant sevré tout contre sa mère " Ps 131: c'est ainsi que Dieu a voulu connaître l'humanité et qu'il sera connu par elle. " Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout petits " Mt 11,25 La vérité de l'Écriture est une vérité vivante qui se livre à la quête incessante des chercheurs de Dieu dociles à sa volonté." Nul ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui a qui le Fils veut bien le révéler "Mt 11,27 La vraie connaissance est intime dans la prière, elle est dépouillée comme l'amour, elle est obéissance filiale : " Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, c'est lui qui nous l'a fait connaître "Jn1,18. Jésus est l'exégète du Père, il nous ouvre le chemin de son cœur et pour se faire, il nous est montré dans la crèche reposant sur le sein de Marie, il nous indique du haut de la croix le chemin d'une mère à qui il va lui-même être remis.

Marie sait attendre la fin, comme un nouveau commencement. Elle a tout appris de la confiance filiale de Jésus. Elle l'accueille dans une conscience et un cœur de créature, elle permet à la Parole de prendre chair et de prendre sens. Tout ce qui a été dit auparavant reçoit une lumière nouvelle. L'histoire d'Israël, les avertissements des prophètes, l'annonce de la délivrance, tout se réalise et aboutit, tout se ressource et reprend vie dans le dialogue de la foi.

La bible est l'histoire d'un dialogue destiné à se poursuivre avec le lecteur qui voit son existence conduite et modelée dans la lignée de celle de ses ancêtres croyants ou infidèles. Mais le lecteur découvre aussi dans la bible des éléments qui vont l'aider à comprendre ce qu'il est en train de vivre. Les faits qui marquent son existence et ceux qui lui sont rapportés ne sont pas neutres et appellent à son engagement. Dans ce dialogue il vit et il comprend. La Bonne Nouvelle de Jésus, l'Evangile est éclairée dans les cœurs croyants par tout ce qui l'a précédée mais elle offre aussi à la première alliance, un cadre tout neuf d'interprétation ; ce sont les événements qui conduisent à une lecture neuve de la Parole de Dieu créateur et sauveur. Marie s'inscrit dans cette perspective et permet au projet de Dieu d'aboutir.

Vraiment tout est merveille!!!L'Écriture nous livre le secret d'Israël, élu pour permettre la rencontre de Dieu et d'une humanité rebelle. À l'intérieur d' Israel, chaque peuple, chaque personne est invité à renaître avec un cœur nouveau et un esprit nouveau. C'est dans ce processus d'enfantement que nous entrons quand nous nous plongeons dans la bible, que nous approchons comme l'enfant qui se tourne vers sa mère .

La vraie connaissance est intime, amoureuse et filiale. Elle est en même temps féconde, de la fécondité d'une mère, de la fécondité de Dieu. C'est une vie de partage : " Tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître" Jn 15,15. La vie de Dieu que nous accueillons dans l'histoire d'Israël et de l'humanité est jaillissement et don, interpellation et mission. La règle importante que nous vérifions dans le cas de Marie et qui est vrai de toute l'Écriture comme de notre propre vie, c'est bien que le sens en est donné à la fin, au moment ou elle doit porter son fruit. " Alors ils sauront qu'il y avait un prophète parmi eux " Ez 33,33.

La vie est un élan; la vie est dialogue et apprivoisement progressif ou au contraire refus de plus en plus endurci vis à vis de la Parole de Dieu. Ez 33,1-20 . En Marie nous apprenons à reconnaître la femme dont toute l'existence à pour seule raison d'être, la mission de Jésus: devant Dieu, elle n'est qu'offrande,elle vient même à accepté d'offrir le don que Dieu lui a fait. Ayant tout donné, elle est à chaque instant pur réceptacle d'un don qu'elle ne retient pas, elle est la toute pleine de Dieu; de toujours à toujours, c'est Lui et Lui seul qui est sa vie.

Nous aussi, c'est à travers le Mystère de Pâques, de la mort résurrection de Jésus, que nous comprenons le sens de toute l'Écriture, de toute la révélation, devenue transparente en Marie, transparente de Dieu. Nous comprenons en même temps le sens de notre vie. Nous comprenons que tout est secrètement ordonné depuis toujours en fonction du projet de l'Amour, mais ce projet peut être accessible à l'intelligence qu'à travers l'ouverture du cœur. Prétendre à la connaissance d'un Mystère suppose l'engagement de la personne. Celle-ci doit être visitée et accepter cette visite, elle ne doit pas se replier sur elle-même mais devenir passage de vie nouvelle. Alors, elle peut laisser cette vie s'exprimer en parole, et ce sera la Parole de Dieu qui pourra prolonger le don de lui-même déjà opéré dans le sein de Marie.

Par l'Écriture qui se fait écho d'un Amour incarné, le chercheur se fera disciple, il mettra ses pas dans une histoire et sur une terre, d'abord parcourue par Celui qui se donne.

Mais ne devons nous pas dans la relation à Dieu, nous laisser nous-mêmes interroger par Celui qui vient à notre rencontre?

Une connaissance humaine fait appel au dialogue et à l'engagement. À plus forte raison quand on essaie d'approcher Celui qui n'est qu'Amour : lui seul peut prendre l'initiative cette approche de lui-même, il faut qu'il soit venu chez nous. De notre part, il s'agira d'abord et essentiellement d'une écoute de cette parole incarnée, d'un accueil de sa vie qui veut se partager à travers nous.

C'est alors en Marie que nous accueillons toute la richesse de la révélation du Cœur de Dieu et du cœur de l'homme: c'est en elle que Dieu et l'homme se reconnaissent dans l'Esprit. En elle et uniquement en elle, la vérité charnelle de Dieu, de l'homme et du monde nous est communiquée .

Le don de Dieu nous est offert dans le compagnonnage d'un homme de notre race, qui partage sa vie dés le sein de sa mère, avec ces hommes ordinaires que nous sommes. Marie est seulement mais parfaitement, par tout son être : " la mère de Jésus " : " la mère de mon Seigneur " proclamera Elisabeth. Jésus est le Seigneur, le Messie, le Fils de Dieu, qui ne peut être reconnu et accueilli que par la foi d'un cœur disponible..

S'il est un principe qui peut nous guider pour contempler justement la figure de cette femme, c'est bien qu'elle a pu accueillir pleinement le don de Dieu, par sa foi. Elle est la mère de Jésus, qui est Dieu. Nous ne pouvons isoler Marie de cette mission qu'elle accepte par toute sa foi. Nous nous interrogeons sur elle, car nous avons besoin, nous aussi d'accueillir ce Dieu qui veut se donner : nous avons à ratifier pour notre part, ce qui s'est passé en elle. Son écoute parfaitement disponible de la Parole entendue, inaugure et accomplit déjà la mission de l'Eglise. Elle donne Dieu au monde. Cette bonne nouvelle que nous devons accueillir, et par elle nous devons nous laisser transformer.

La Bonne Nouvelle

La Bonne Nouvelle, elle est une parole advenue dans la chair, la chair d'une femme. Cette parole nous est annoncée comme aux premiers chrétiens par les Apôtres dont elle a bouleversé l'existence.

" Quand vint la plénitude du temps,

Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme,

sujet de la Loi,

pour qu'il rachète les sujets de la Loi et que nous recevions l'adoption filiale " Ga 4,4

Le Concile Vatican ll invite " à s'abstenir avec le plus grand soin, quand la dignité de la Mère de Dieu est en cause, à la fois de tout excès contraire à la vérité et non moins d'une étroitesse injustifiée ". Ainsi l'on ne peut parler de Marie qu'à l'intérieur du Mystère du Salut.

Tout son rôle auprès de Dieu, auprès de nous, est contenu dans cette humble phrase de saint Paul. Et si le Sauveur est né d'une femme, celle-ci, qui participe à son abaissement participe en même temps à sa mission et à sa Gloire. Car il n'est pas venu d'elle par inadvertance, sa chair et tout son être ont été mobilisés par cet enfantement.

Le jour ou Dieu a pu s'approcher de la terre et y susciter le "oui" de cette femme, son désir à été comble, les temps sont parvenus à leur plénitude. " Notre terre à donné son fruit " Ps 85,13, car elle a accueilli et laisser grandir en elle le cadeau envoyé par le ciel. Is 45,8

" Dieu a envoyé don Fils, né d'une femme pour faire de nous ses Fils " C'est tout le Mystère de la Rédemption qui appelle au Mystère de l'Incarnation. Pour nous sauver, le Fils de Dieu est entré dans une histoire humaine, soumise à la Loi parce que marquée par le péché. La femme est liée à cette histoire et à cette Loi, elle fournit au Christ la première expérience de son abaissement. C'est donc en elle que le Christ vient vivre la première expérience du Salut.

La créature qui introduit le Sauveur dans le monde d'en-bas est par lui introduite dans le monde d'en haut. Et elle résume en elle à la fois l'attente des siècles et la réalisation de la Promesse. Nous pouvons prolonger notre découverte, en étendant au peuple qui est sous la Loi, à ce peuple dont la femme est issue et que le Fils de Dieu vient rejoindre, le bénéfice du Don qui lui est fait. Si les sujets de la Loi peuvent être rachetés de leur esclavage, c'est que Dieu reconnaît en la femme toute la fidélité de la Fille de Sion, la Vierge d'Israël, qui est si souvent partie sur les chemins perdus de l'adultère et du mensonge. Mais un oui pur et vrai à cependant pu germer de son cœur. Des lors, la descendance d'Abraham a pu recevoir le fruit de la promesse, dans la mesure, justement, où elle n'en revendique pas la possession comme une propriété exclusive, mais où elle le partage généreusement aux nations. C'est par la foi qu'on devient héritier et non par la naissance charnelle.

La Chair participe au Salut

Témoignage des Pères

La mère de Jésus témoigne de toute la préparation évangélique opérée et réussie par Dieu en notre terre, en la terre d'Israël. Elle témoigne en même temps de l'irruption inattendue de la Gloire même de Dieu apparue en notre chair : cette gloire s'est donnée à contempler dans des signes on ne peut plus concrets, depuis le Vin des noces jusqu'au sang versé sur la croix.

" La mère de Jésus " est le témoin privilégié du " commencement des signes ", et de ce moment où " tout est accompli ". Elle est témoin et instrument de l'Alliance Nouvelle advenue en notre chair : Elle est à ce point où la chair accueille le " Fils unique, plein de grâce et de vérité "; la chair en elle se dépouille de toute prétention à la connaissance et à la possession du mystère; elle se laisse vider d'elle-même pour tout recevoir de Dieu en sa plénitude, " et grâce pour grâce ". La présence de Marie au pied de la croix de Jésus éclaire le sens de toute l'histoire humaine, achevée dans son dépouillement, accomplie dans une foi parfaite qui accueille seulement et fait fructifier, le Don que Dieu seul lui accorde, l'Esprit, l'eau et le sang du Salut. Présence virginale, fécondée par la toute puissance de l'Amour offert. Ce rapport de Marie à Jésus. De Marie à toute l'œuvre de Dieu, définit tout son être, et son rôle maternel pour Jésus et pour nous : dans le Mystère de Pâques, le germe du Salut est déposé en elle pour y être conservé par sa foi. Telle est la signification théologique du rôle de Marie pour notre Salut.

Ce salut est bien enraciné en notre terre, mais comme un don gratuit. Il est offert à une femme qui l'accueille virginalement dans son cœur et dans sa chair. Le Mystère de l'Incarnation est inscrit au cœur du Mystère de la Rédemption : Marie est gardienne de cette vérité essentielle. C'est par elle que Jésus est présent à la foi du disciple; elle est lá, prête, qui s'est ouverte en notre humanité pour que la Parole éternelle du Père soit enfin reçue.

Nos premiers Pères, en effet, tout absorbés par le Mystère de Pâques, dont ils ont eu à vivre la grâce dans leur propre chair ne pouvaient qu'insister en même temps sur la réalité terrestre et charnelle du Sauveur, face aux hérétiques qui ne voulaient voir en lui qu'une apparence d'homme; le Salut devenait alors abstraction, une théorie intellectuelle, une gnose, réservée aux initiés. Face à cette dissolution du don de Dieu, les Pères ont perçu l'importance de Marie, par qui Jésus a été offert au monde, dans le cœur et la chair d'une femme, d'une vierge, entièrement disponible à la seule action de Dieu. Marie est située à la jonction mystérieuse du don de Dieu et de son accueil par une simple créature. : sa liberté se laisse visiter par la Grâce; c'est bien l'expérience des chrétiens, le Mystère de notre Salut.

Saint Ignace d'Antioche

" Bouchez vous les oreilles, si l'on vous parle autrement de Jésus-Christ, de la race de David, qui vraiment fut engendré par Marie, à mangé et bu,a vraiment souffert sous Ponce Pilate, a vraiment été mis en croix et est mort sous le regard des créatures du ciel, de la terre et de sous la terre."

Le christianisme, c'est le Christ, Dieu dans notre chair, condition de notre salut, et aussi exigence de notre conversion dans la chair précisément. La religion est faite pour nous aider à vivre, et non pour nous engager sur une route impraticable !! Or, notre salut passe par l'acceptation de la présence de Dieu lui-même dans notre vie réelle, dans notre chair, jusqu'à laisser crucifier la chair avec ses convoitises pour qu'elle soit ressuscitée en " corps spirituel " par la puissance de Dieu.

Marie est présente au commencement et au terme, en témoin de Dieu et du simple oui de la créature.

Saint Paul a montré en Jésus-Christ en qui l'univers prend un nouveau départ, il est le seul homme par qui la Grâce, la Vie de Dieu a pénétré le monde et a changé sons sens : " nous n'allons plus vers la mort mais vers la vie, si nous adhérons à lui par la foi. Le Christ est le nouvel Adam. L'Adam véritable, qui vit de sa confiance éternelle au Père et communiqué. Par le Don total de lui-même, son Esprit de confiance et de vie. Rm 5,12-21/ 1 Co 15,20-22.45-49. Le Royaume de Dieu ne relève pas de la chair et du sang, mais de l'Esprit que Jésus insuffle pour une création nouvelle ".

Saint Justin, va réaliser que le salut apporté par le Christ doit emprunter le chemin même que la désobéissance a suivi. Pour l'affronter et pour la vaincre.

Saint Ignace poursuit : " C'est en effet, par l'entremise de la Vierge que le Christ s'est fait homme dans le dessein, que par la voie même d'où la désobéissance issue du serpent a pris son principe. Elle trouve également solution. De fait, vierge était Ève quand elle accueillit dans son sein la parole qui venait du serpent et enfanta la désobéissance et la mort. À l'inverse, la Vierge Marie conçut foi et joie lorsque l'ange Gabriel lui annonça la bonne nouvelle que l'Esprit du Seigneur viendrait sur elle, et que la puissance du Très-Haut la couvrirait de son ombre, en sorte que l'Etre saint qui est né d'elle serait Fils de Dieu; elle répondit : " Qu'il me soit fait selon ta parole "

L'enfantement virginal de Jésus est le début de la création nouvelle qui devient effective à la Croix, lorsque le Fils de l'Homme est consacré dans la parfaite obéissance au Père. Il ne s'agit pas simplement d'un prodige, mais de l'œuvre de Dieu enfin accueillie dans un cœur humain, le cœur d'une femme; " c'est dans sa foi, dans son obéissance, qu'elle a engendré sur la terre le Fils du Père, sans connaître d'homme, opèré par l'Esprit Saint, comme une nouvelle Ève qui donne, non à l'antique serpent mais au messager de Dieu, dans une foi que nul doute n'altère."

La perfection de son obéissance, le Verbe l'a partagée à une créature, qu'il avait lui-même intérieurement préparée à l'accueillir. Et il nous montre ainsi la voie ouverte : les simples créatures que nous sommes sont appelées à renaître de cette foi et à y participer.

Le Concile Vatican ll reprend l'intuition des Pères et cite tout spécialement Saint Irènée, pour souligner le rôle de Marie à l'origine de notre salut.

" Marie, fille d'Adam, donnant à la parole de Dieu son consentement, devint Mère de Jésus et épousant à plein cœur, sans que nul péché la retienne, la volonté divine de salut, se livra elle-même intégralement comme la servante du Seigneur à la personne et à l'œuvre de son Fils, pour servir dans sa dépendance et avec lui, par la grâce du Dieu tout-puissant, au mystère de la Rédemption. C'est donc à juste titre que les saints Pères considèrent Marie comme apportant au salut des hommes non pas simplement la coopération d'un instrument passif au mains de Dieu mais la liberté de sa foi et de son obéissance. En effet, comme dit saint Irènée, " Par son obéissance elle est devenue, pour elle-même et pour tout le genre humain, cause de Salut ". Aussi, avec lui, bons nombres d'anciensPères disent volontiers dans leurs prédications : "le nœud de la désobéissance d'Eve s'est dénoué par l'obéissance de Marie; ce que la Vierge Ève avait noué par son incrédulité, la Vierge Marie l'a dénoué par sa foi."

L'importance de la solidarité que Marie assure au Sauveur et le cœur de l'homme : " Il lui fallait devenir cela même qu'il allait sauver pour que ce salut ne fut pas sans objet ". Grâce à Marie, le Sauveur est réellement de la même race qu'Adam et Adam pourra recevoir de Jésus la Vie. C'est pourquoi Marie se retrouve la nouvelle Ève aux côtés du nouvel Adam.

Lui qui était de condition divine et qui, comme Fils de Dieu, ne pouvait naître que de Dieu, devait en même temps être un Fils de notre terre. D'où la naissance d'une femme, mais une naissance virginale. Insistants ici : " Le Sauveur devait devenir cela même qu'il allait sauver ". " En conséquence de quoi, nous trouvons la Vierge obéissante, qui dit : " Voici ta servante, Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole ". " Et à l'inverse d'Eve, dont la désobéissance cause notre mort, Marie devient par sa foi, cause de notre salut.

A l'intérieur du projet salvifique, au sein du cœur de Dieu, rien est placéau hasard. Nous ne pouvons qu'admirer la splendide logique de son dessein, qui inclut notre liberté, sans du tout l'absorber, mais en la suscitant au contraire, et en lui donnant de se déployer au gré de son Amour, au souffle de l'Esprit.

Marie va donc jouer auprès d'Eve, et donc de nous tous, le rôle " d'Avocate " attestant comme femme que Jésus est bien ne dans la chair et comme vierge qu'elle qu'il est né de Dieu. Il est né de Dieu pour le salut de tout notre être, corps et âme.

Cette insertion de Dieu en notre humanité signe également l'union définitive de l'humanité avec Dieu. Désormais, l'humanité nouvelle et glorifiée, en cette femme qui l'inaugure; et nous sommes associés avec elle à l'enfantement dans l'église des Fils de Dieu. Dieu veut en effet " que tous les hommes soient sauves " 1Tm 2,4

Ce salut, lui seul peut le donner; et il doit le donner dans la vie réelle de l'homme. C'est pourquoi il a suscité " le Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même." Ce salut ne dépend pas de nos actes, il est œuvre de la grâce, justification accomplie par l'Esprit de Dieu," manifesté dans la chair " de l'homme Jésus. 1Tm 3,16

Proclamer la réalité de l'incarnation, c'est convoquer toute l'existence de l'homme,toute la réalité dont il est fier, et toute celle dont il a honte, à l'expérience de la soumission et de la miséricorde . Il faut se laisser prendre, non pour être absorbé, plutôt pour être " sauvé mais pas comme à travers le feu " 1 Co 3,15. Nous sommes donc dans la ligne de l'Evangile de Paul, Evangile du salut par la grâce,de la justification par la foi, mais d'un salut qui s'adresse à l'homme tout entier avec son corps 1 Co 15 : en effet dit-il, " le Christ sera glorifié dans mon corps, soit que je vive, soit que je meure " Phil 1, 20

" Il transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire." Phil 3,21...C'est dans la ligne de cet Évangile que les premiers Pères et les premiers chrétiens ont très vite compris l'importance de recevoir, dans l'Esprit Saint, la grâce d'accueillir le Mystère: Dieu rencontre la chair de ce monde; c'est là que le salut prend racine.

C'est là que prend naissance la contemplation du Mystère de Marie, qui est d'abord un Mystère d'Alliance. La maternité de Marie n'est pas un simple moyen au service de l'Incarnation du Verbe. Elle est le point de départ de l'œuvre du salut; la grâce vient s'offrir de manière totalement inattendue à une liberté secrètement préparée, qui répond à cette offre en se livrant sans réserve. Ainsi, le service que Marie va accomplir sur demande de Dieu, est un service comme Dieu le demande, non pas la réponse mécanique d'une esclave, mais le don d'une amitié. " Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ". En fait, c'est la soumission la plus totale dans la plus totale liberté. Il s'agit au fond de savoir qui nous voulons servir, ou le péché pour la mort, ou la justice pour la sanctification. Rm 6,16-23

Si notre Dieu est tout puissant par son Amour, il ne pouvait s'incarner qu'en s'unissant par amour à sa créature, et d'abord à une personne concrète, qui fut Marie. Ce qu'il veut, c'est s'unir à une créature libre qui l'accueille par la foi. Ainsi, Marie par son acquiescement, s'associe et participe au dessein de Dieu, en même temps qu'elle ouvre le chemin de notre vocation : entrant dans la foi de Marie, nous coopérons vraiment à la réalisation du plan du salut.

Marie Mère de Dieu

En Marie, nous contemplons la réussite de l'histoire Sainte, la parfaite réalisation de l'Alliance entre Dieu et l'homme. En elle, nous allons découvrir le modèle d'un cœur qui s'ouvre au don de Dieu. C'est Dieu toujours qui a l'initiative: il est l'unique Source, en qui nous sommes créés , en qui nous devenons vraiment nous-mêmes. Marie devient elle-même en répondant à sa mission, en accueillant Celui qui vient. Elle nous montre en même temps qui est le Dieu capable de se donner ainsi. Ce n'est certainement pas par la force de sa propre puissance génératrice qu'elle va concevoir le Verbe incarné. C'est bien plutôt le Fils de Dieu qui se donne à elle, et qui assume une naissance autre que sa naissance éternelle, sa naissance dans le temps des hommes.

Marie n'est pas associée à Dieu au sens ou elle donnerait à son Fils de venir à l'existence, purement et simplement. C'est le Fils de Dieu qui se fait le Fils de Marie, et qui élevé la maternité de Marie jusqu'à sa personne éternelle. Mais ce faisant, il l'associe vraiment à la propre naissance humaine du Fils de Dieu.

Il y a donc un lien particulier en Marie et Dieu, du fait de cette maternité. Marie n'est pas absorbée en Dieu, elle ne devient pas une déesse, de même que la nature humaine du Fils de Dieu ne se confond pas avec sa nature divine : Jésus sera capable d'éprouver la tentation, de transpirer des gouttes de sang et d'avouer " l'esprit est ardent mais la chair est faible " au moment de se livrer sans réserve. " Père, non pas ma volonté mais la tienne "

Dieu se donne à l'homme sans l'absorber, il donne gratuitement à Marie de se tenir à la source même de l'union des deux natures : comme l'homme se reçoit de Dieu, le Fils de Dieu à voulu se recevoir d'une femme en tant que Fils de l'homme. Marie est unie à Dieu par un lien unique et sacré.

Entrée de Marie dans le culte.

Marie apporte à Dieu la réponse personnelle dont il avait besoin pour que soit suscite un partenaire de son amour. Nous ne pouvons exister qu'en lui, il devait donc en quelque sorte devenir ce qu'il n'était pas, et c'est ce qui se passe quand le verbe prend la nature humaine : cet exode Dieu hors de lui-même n'est possible que parce que déjà, en lui-même il est dialogue et ouverture à l'autre. Mais pour que la créature ne soit pas une chose entre les mains de Dieu, elle devait aussi d'une certaine manière, participer à sa propre création, en se laissant faire, en se laissant préparer à la rencontre. En fait, le Verbe vient demander le consentement d'une personne libre qui a été entièrement réceptive à la préparation portée en elle par le Saint Esprit. Dans la liberté de son amour, Dieu, voulant créer et sauver le monde, à voulu avoir besoin du " Oui " personnel de Marie.

Dans le cadre de cette alliance salvifique où Marie est engagée corps et âme, par sa transparence à la pure grâce de l'Esprit, les chrétiens rejoignent leur propre naissance, ils sont identifiés au Christ qui leur livre son Esprit et ils reçoivent de Jésus, Marie pour Mère.

Marie apparaît unie au sacrifice de Jésus donnant sa vie. Marie se tient au pied de la croix, offrant au don de Dieu l'acquiescement de la créature : sans son "oui ", sans sa foi, le sacrifice ne peut produire en l'humanité son fruit. Aussi, on va se tourner naturellement vers elle, quand on éprouve en vérité le besoin d'être sauvé, on se sent uni à elle quand on fait l'expérience de la nouvelle naissance. Marie est présente " dans la célébration du baptême, la nuit de Pâques ...selon le rituel de la Tradition apostolique, le catéchumène, tout en confessant que le Christ est ne de la vierge Marie par l'Esprit Saint, nait lui-même de l'eau et de l'Esprit à la vie divine. Jn 3,5 L'Eucharistie dominicale et le sacrement du baptême sont un cadre antique et naturel pour la mémoire de la Vierge Mère .

Marie trouve sa place dans la liturgie lorsqu'on commence à célébrer,e mystère de l'incarnation, racine du mystère pascal. Tout ce qui précède montre que cette fête ne commémore pas d'abord un événement du passe. Mais le grand Événement de l'histoire, l'admirable échange des deux natures, dont le sacrifice de la Croix nous rend contemporains. Si l'épiphnanie du Christ au baptême signifie déjà que le Fils du Père, prenant place dans la file des pêcheurs , plonge, en fait notre vie mortelle dans sa vie divine, la première et discrète épiphanie de sa naissance à Betléem manifeste plus encore, plus concrètement, plus charnellement que nous renaissons dans le sein du Père, grâce à Celui qui a voulu naître de la femme.

Les croyants voient peu à peu le Mystère du Salut, qu'ils célèbrent en celle qui en a été le premier instrument et le premier bénéficiaire. Ils se tournent vers elles dans la contemplation et dans une prière d'intercession :

Sous l'abri de ta Miséricorde

Nous nous réfugions Sainte Mère de Dieu.

Ne méprise pas nos prières

quand nous sommes dans l'épreuve

mais de tous les dangers

délivre-nous toujours

Vierge Glorieuse, Vierge bienheureuse.

La rencontre du Christ avec Siméon récapitule tout le mystère de l'Incarnation : le peuple ancien voit bourgeonner la vie nouvelle, mais au prix d'un arrachement, une division, une souffrance qui marquera la destinée de Marie : son consentement est bien l'œuvre d'une liberté, reflet de la libre offrande du Fils de Dieu.

Lors d'une homélie prononcée à l'adresse de Marie au concile d'Ephèse en Novembre 431 apporte les précisions suivantes : " sainte universelle ", assimilée à l'Eglise en son entier : " Glorifions Marie toujours Vierge, c'est à dire la sainte Église " Par elle le Don de Dieu rejoint les hommes et les peuples sont conduits à la conversion "